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Durant le maximum de la glaciation, le drainage des eaux courantes de l'Amérique
du Nord vers l'est ne peut s'exercer que par la voie du Mississipi dans le golfe du
Mexique. Il en va autrement si la calotte Laurentide régresse : elle laisse alors
la possibilité d'un drainage d'une grande partie des eaux vers le nord-est, par la
voie de l'Hudson. Cet apport d'eaux douces dans l'Atlantique, éventuellement
augmenté par la décharge de lacs glaciaires, aurait eu comme conséquence, de la
même façon que pour les événements de Heinrich, de réduire la salinité des eaux
océaniques, donc leur densité, rendant plus difficile leur plongement et causant
ainsi une réduction dans la circulation thermohaline. On sait qu'actuellement cette
dernière engendre un réchauffement des régions de l'Atlantique nord sous l'effet
du Gulf Stream ; sa réduction aurait ainsi pu causer le refroidissement caractérisant
le Dryas récent.
Après le coup de froid du Dryas récent, un réchauffement, que l'on s'accorde à
voir, cette fois, contrôlé par les modifications de l'insolation liées aux irrégularités
de l'orbite terrestre, provoque la fonte des calottes polaires de l'hémisphère Nord,
dont il ne reste plus aujourd'hui que les masses de glace du Groenland. Corrélative-
ment, le niveau de océans remonte de 120 m. C'est la fin de la glaciation et le début
de l'Holocène.
L'Holocène
On a récemment fixé la limite de l'Holocène, par référence à une carotte de glace, à
11 700 ans avant l'année 2000 (11 700 ans b2k, voir encart 22.2) soit 9 700 ans
avant notre ère. C'est la date de la fin du Dryas récent. À partir d'elle, le climat n'est
plus glaciaire et, à des détails près, est celui d'aujourd'hui.
Cependant, il y a 8 200 ans, on assiste encore à une baisse brutale de température,
détectée d'abord dans les carottes de glace du sondage GISP2 au Groenland où elle
est évaluée à 3 °C. Cet événement de 8,21 ka n'a duré qu'un ou deux siècles et ne
peut guère être expliqué par une variation de l'insolation. C'est, encore une fois à
une modification des courants dans l'Atlantique nord que l'on fait appel pour cela.
Au début de l'Holocène, ce qui restait de la coupole de glace Laurentide avait en
effet constitué vers le nord un barrage le long duquel s'étaient accumulées les eaux
de vastes lacs. Il en reste aujourd'hui les Grands lacs américains, mais ils étaient
reliés vers l'est à une immense nappe d'eau, s'étendant aux États-Unis sur le nord
du Dakota du Nord et du Minnesota et, au Canada, sur le sud du Saskatchewan, du
Manitoba et de l'Ontario : le lac Agassiz ( Fig. 223 ). La fonte du barrage glaciaire, il
y a 8 200 ans, a permis que ces eaux se déversent catastrophiquement vers le nord
dans la Baie d'Hudson, gagnant ensuite la mer du Labrador. Ces eaux douces, par le
même processus invoqué pour le Dryas récent et pour les événements Dansgaard-
Oeschger ont perturbé la circulation thermohaline nord-atlantique, conduisant au
refroidissement constaté.
On voit ici, encore une fois, combien la dynamique des grands glaciers polaires a
pu contrôler l'évolution climatique, à l'intérieur du grand cadre donné par les varia-
tions de l'insolation d'origine orbitale.
 
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