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C'est le début d'une courte mais meurtrière guerre civile, qui fera quelques milliers de morts.
Pour José Figueres Ferrer, plus tard surnommé Don Pepe par ses concitoyens, c'est l'occa-
sion attendue. En effet, il y a longtemps qu'il se prépare à contrer la mainmise de Calderón
sur le gouvernement. Don Pepe sort gagnant du conlit armé et proite de son passage à
la tête du pays pour améliorer le régime démocratique et adopter de nouvelles mesures
sociales: nationalisation des banques, droit de vote pour tous, taxes sur les entreprises,
etc. Fatigué de voir l'armée intervenir dans les affaires politiques, il l'abolit. Les casernes
militaires sont transformées en musées des beaux-arts, et le budget alloué à l'armée est
transféré à l'Éducation nationale ! Entre-temps, il redonne le pouvoir au vrai président élu,
Otilio Ulate. En bon démocrate, il attend de se présenter lui-même aux élections de 1953. Il
y est élu, tout comme il le sera à nouveau pour un autre mandat de 1970 à 1974. Lorsqu'il
décède, en 1990, les Costariciens le saluent comme un héros national.
La guerre civile de 1948 a permis de consolider la démocratie costaricienne après des décen-
nies d'abus. C'est tellement vrai que Calderón lui-même est admis à se représenter à la tête
du pays en 1962. Il perd, ce qui prouve que l'électorat aussi a acquis une certaine maturité.
Plus stable, l'État costaricien peut se permettre d'intervenir de façon sans cesse croissante
dans la vie économique et sociale du pays. En cela, le Costa Rica imite tout simplement
bien des pays qui adoptent le modèle de l'État providence. Dans les années 1960 et 1970,
le pays se développe bien, mais il a emprunté sur les marchés internationaux pour investir
dans des infrastructures et des programmes de toutes sortes. L'État entrepreneur voit alors
son déicit passer de 164 millions en 1970 à plus d'un milliard en 1978.
À la in des années 1970, le second choc pétrolier fait très mal à l'économie locale, d'autant
plus que les prix du café et des bananes s'effondrent par la suite. L'agriculture, soit l'activité
économique la plus importante, est en crise au moment où l'État est lui-même paralysé
par son endettement (3,8 milliards en 1984) et sa propre taille, hors de proportion avec
les ressources disponibles. Le service de la dette accapare alors plus de 25% du budget.
Parallèlement, la paix dans la région est loin d'être une chose assurée. Les guerres civiles
dans les pays voisins du Costa Rica, le Nicaragua, le Guatemala et le Salvador, déstabilisent
le commerce interrégional. Les réfugiés afluent, et certaines factions se permettent d'utiliser
le territoire costaricien pour s'entraîner ou s'approvisionner. L'intervention américaine dans
les conlits de la région, surtout sous la présidence de Ronald Reagan, soulève l'ire de la
population. La ligne neutre adoptée par le président Luis Alberto Monge devient très ténue,
et en 1985 le Costa Rica gèle ses relations diplomatiques avec le Nicaragua.
L'année suivante, le social-démocrate Óscar Arias Sánchez, ancien ministre de Don Pepe
et chef de l'opposition, accède à la présidence du pays (1986-1990; réélu de nouveau en
2006). Craignant l'intervention militaire des Américains, il se met à la tâche de trouver une
solution aux problèmes régionaux et nationaux que vit l'ensemble des pays de cette partie
de l'Amérique. En février 1987, il propose un plan de paix à ses voisins qui sera inalement
accepté et mis tant bien que mal en application à partir du mois d'août 1987. Arias Sánchez
reçoit peu de temps après le prix Nobel de la paix pour cette initiative.
Sur le plan économique, le Costa Rica se relève mal de la restructuration de l'économie
entreprise par les conservateurs. Arias Sánchez suspend le paiement, pour un temps, de la
dette qui frôle les cinq milliards de dollars US, et s'engage auprès de ses créanciers dans
une restructuration du remboursement de celle-ci.
Les années 1990 constituent une période de transformation radicale pour le Costa Rica.
L'élection de Rafael Ángel Calderón Fournier (1990-1994) lui permet d'introduire sa «thé-
rapie de choc » qu'il a promis durant les élections. Et la thérapie est en effet un choc :
coupures draconiennes en santé, en éducation et dans les subventions liées aux aliments
de base. L'emploi dans le secteur public chute, la classe moyenne s'appauvrit, et le revenu
réel dégringole à la suite des augmentations de la taxe de vente et des impôts sur le revenu.
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