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Explication par le volcanisme
Les grandes éruptions volcaniques que l'on a pu observer, Laki, en Islande (1783 et
1784), Tambora, en Indonésie (1815), explosion du Krakatoa (1883), n'ont montré
que des effets climatiques limités. Mais il est peu douteux que l'injection dans
l'atmosphère de quantités importantes de gaz ou d'aérosols doit avoir des réper-
cussions sur le climat. Il se trouve qu'à la limite Crétacé-Tertiaire, des effusions
basaltiques de très grande ampleur se sont produites (voir aussi Fig. 169 ). En effet,
on rapporte aujourd'hui à cette époque les énormes coulées basaltiques connues
depuis très longtemps en Inde sous le nom de trapps du Dekkan, région qui occupe
la plus grande partie de la péninsule indienne.
La masse de ces roches volcaniques est considérable car leur épaisseur cumulée
est de plus de trois kilomètres. Par ailleurs, il a été montré que, alors que l'on pensait
qu'elles étaient le résultat d'éruptions s'étant étalées sur plusieurs millions
d'années, elles s'étaient en réalité mises en place en un temps très court géologique-
ment parlant, de l'ordre d'un demi million d'années ou moins et, justement, à la
limite Crétacé-Tertiaire.
Cette rapidité de mise en place a une conséquence. Les gaz émis lors de ces érup-
tions ont dû être relativement concentrés, au contraire de ce qui aurait pu se produire
si le phénomène avait duré très longtemps. Ainsi ils ont pu avoir une grande effica-
cité et jouer un rôle notable sur le climat, en refroidissant l'atmosphère. De plus,
l'injection de gaz sulfureux et de chlore aurait pu provoquer la précipitation de
pluies acides qui auraient perturbé le métabolisme des animaux marins, en particu-
lier du plancton, et rendu difficile la fabrication des coquilles calcaires.
En ce qui concerne le gaz sulfureux, son injection dans l'atmosphère où il se
combine avec l'eau, doit y produire la formation de très fines gouttelettes d'acide
sulfurique constituant un obstacle efficace au rayonnement solaire incident et
conduisant ainsi à un refroidissement de la basse atmosphère. Ce phénomène est
d'autant plus marqué et généralisé que ces injections atteindraient de hautes altitu-
des. Moins visibles que les cendres volcaniques, ces gouttelettes séjourneraient
beaucoup plus longtemps dans l'air et leur action serait ainsi bien plus importante.
Les coulées basaltiques du Dekkan se sont produites sans doute lors d'éruptions
répétées relativement courtes suivies de périodes de repos. On peut imaginer que
chaque éruption a déclenché une baisse importante de la température et d'abondan-
tes pluies acides, ayant eu une influence négative considérable sur la biosphère. Il est
cependant difficile, en l'absence presque totale de termes de comparaison, de les
évaluer. À plus longue échéance, l'injection de gaz carbonique, en renforçant l'effet
de serre atmosphérique, aurait eu comme conséquence un relèvement général de ces
températures.
Cependant, l'existence d'un volcanisme à la limite Crétacé-Tertiaire ne peut
rendre compte de certaines observations que seul le choc d'un bolide extra-terrestre
peut aujourd'hui expliquer. La présence d'iridium dans les sédiments a fait à ce
sujet, l'objet d'une controverse. On a d'abord pensé que des concentrations en cet
élément ne pouvaient s'expliquer que par l'apport de matière cosmique, comme
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