Geoscience Reference
In-Depth Information
Quant à la glaciation de Gaskiers, nommée à Terre-Neuve (ou glaciation Varan-
gienne, ou encore Ediacarienne), elle est aussi connue dans les Appalaches, en
Écosse, en France (Normandie), en Grande Bretagne, en Norvège, dans le nord de
l'Australie ainsi que dans le sud de la Chine (d'où le nom de glaciation Sinienne
qu'on lui a aussi parfois donné ici).
Cette énumération, non exhaustive, des sites où l'on a mis en évidence ces dépôts
glaciaires, montre leur large et intrigante extension, qui s'oppose à la dimension
limitée des glaciations postérieures paléozoïques ou quaternaire.
Par ailleurs, si l'on connaît mal la paléogéographie de ces périodes reculées, les
études paléomagnétiques pratiquées dans ces dépôts ont démontré, semble-t-il de
façon définitive, qu'au moins certains d'entre eux (sturtiens et marinoens) avaient
été constitués non loin de l'équateur et au niveau de la mer.
Étant donné que les régions équatoriales sont, au moins dans la situation actuelle,
les plus chaudes du globe, on est amené à penser que, si des glaciations s'y produi-
saient, les autres latitudes devraient être a fortiori englacées, ce qui conduit à imaginer,
pendant ces périodes, un globe couvert de glace, ressemblant à une boule de neige,
une « snowball » (Joe Kirschvink).
L'albédo d'un tel globe devrait être très grand, proche de l'unité, c'est-à-dire qu'il
renverrait directement la plus grande partie du rayonnement solaire. Il ne pourrait
donc pratiquement pas se réchauffer, ce qui conduirait à un blocage de cet état
glaciaire qui persisterait indéfiniment.
Un déblocage pourrait cependant intervenir si la concentration en dioxyde de
carbone de l'atmosphère, fourni par le volcanisme, qui n'a pas de raison de cesser,
augmentait jusqu'à un niveau suffisant pour échauffer l'atmosphère et faire fondre
l'énorme quantité de glace alors stockée. On a calculé que la concentration requise
en ce gaz devrait être plusieurs centaines de fois la valeur actuelle. Cela doit
exiger quelques millions ou dizaines de millions d'années, même si l'absence de
photosynthèse et d'érosion des silicates, consommatrices de CO 2 , devait en limiter
l'extraction.
Le retour du climat à des températures élevées expliquerait pourquoi les couches
glaciaires protérozoïques sont habituellement recouvertes immédiatement par des
séries carbonatées, généralement des dolomies (« cap carbonate »), qu'on s'accorde
à voir déposées dans des eaux chaudes et peu profondes ( Fig. 199 ).
On peut se poser la question de la possibilité pour la vie (connue depuis
l'Archéen) de se perpétuer sur un globe entièrement gelé : il est clair qu'elle s'en
serait accommodée d'une façon ou d'une autre, peut-être en tirant parti de la chimio-
synthèse. En tous cas, elle s'est largement manifestée, juste après ces glaciations,
par une explosion de formes, selon toute apparence de métazoaires, bien représen-
tées dans la faune d'Ediacara (encart 22.1).
 
Search WWH ::




Custom Search