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explique les variations climatiques : moins les hautes latitudes reçoivent d'énergie,
plus elles se couvriraient de neige, une rétroaction positive (augmentation de
l'albédo) amenant alors une glaciation. Les travaux de Croll eurent un grand succès,
mais ils conduisaient à dater le réchauffement postérieur à la dernière glaciation à
quelque 80 000 ans, ce qui est apparu progressivement très peu vraisemblable, et
a conduit à jeter le doute sur cette théorie.
On a alors avancé l'hypothèse inverse, à savoir que c'était lorsque la saison
chaude était longue et peu froide que les neiges fondaient peu aux hautes latitudes
et que s'enclenchait alors un processus de glaciation. Cette manière de voir a été
notamment soutenue par Milutin Milankovitch (1879-1958), que l'on considère
aujourd'hui comme le père de la théorie astronomique des climats qu'il a énoncée
dans des publications détaillées (1920, 1941).
Malheureusement, il a été longtemps impossible de tester cette hypothèse, non
plus que la validité générale de la théorie astronomique des climats, et ceci principa-
lement pour trois raisons.
1. Le phénomène qu'essayait d'expliquer Milankovitch ne lui était connu que par
des enregistrements extrêmement discontinus (essentiellement les maximums
glaciaires) qui ne peuvent que difficilement être comparés à la variation continue
de l'insolation qu'il lui était possible de calculer.
2. Il n'existait pas, à son époque, de méthode fiable permettant d'avoir une échelle
de temps absolue pour dater les phénomènes glaciaires, à part celle utilisant les
comptages de varves. Actuellement, celles que nous utilisons sont pratiquement
toutes basées sur la radioactivité qui n'a été mise à profit à cet effet qu'à partir
des années 1950.
3. Même si les deux difficultés ci-dessus avaient été résolues, il aurait été sans doute
impossible d'aboutir à un test satisfaisant sur une longue période, les constantes
astronomiques utilisées par Milankovitch manquant de précision.
Ces trois points expliquent en partie que, malgré l'intérêt qui lui avait été témoi-
gné à sa publication, il a été fait peu de cas de l'hypothèse de Milankovitch jusque
dans les années 70, où sa capacité explicative a été reconnue. C'est à partir d'elle, en
effet, que l'on peut aujourd'hui expliquer une grande partie des variations climatiques
et interpréter leur enregistrement dans les glaces ou les sédiments.
Si la théorie astronomique rend ainsi bien compte de certains rythmes des varia-
tions climatiques (ceux de la précession, de l'obliquité et de l'excentricité), elle ne
s'oppose pas à ce qu'interviennent d'autres causes pour ces variations. En parti-
culier, on a très tôt invoqué le rôle du dioxyde de carbone et de la vapeur d'eau en
tant que gaz atmosphériques absorbant les rayonnements infrarouges et pouvant
ainsi contribuer à l'échauffement de la basse troposphère par ce que l'on a appelé
l'effet de serre. Parmi les travaux précurseurs dans ce domaine, on peut citer ceux
publiés en 1824 de Joseph Fourier (1786-1830), en 1830 de Claude Pouillet
(1790-1868), en 1861 de John Tyndall (1820-1893) et en 1896 de Svante Arrhe-
nius (1859-1927).
 
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